Le gardien de la mémoire : un hommage à la culture créole et à Jérôme Araste

### La Fet Kaf : un voyage dans le passé pour éclairer l’avenir
Chaque année, le 18 décembre, La Réunion s’illumine d’une ferveur particulière. La Fet Kaf, bien plus qu’une célébration, est un rendez-vous avec notre histoire et notre identité. Elle commémore un moment charnière : l’abolition de l’esclavage en 1848. Dans ce cadre, l’événement 2024 a pris une dimension encore plus poignante avec des hommages rendus à des personnalités qui, à travers leur passion et leur travail, préservent notre héritage.
Cette année, la Région a choisi de mettre à l’honneur sept gardiens de la mémoire vivante. Parmi eux, Jérôme Araste, tireur de guêpes et ardent défenseur de la culture créole, s’impose comme un symbole de cette résilience culturelle. Un peu comme un flambeau porté à bout de bras, Jérôme s’est donné pour mission de transmettre aux générations à venir les trésors d’un patrimoine immatériel riche et vibrant. Mais que signifie être un Gardiyen la mémwar ? C’est être un pilier, un rempart contre l’oubli, une lumière pour ceux qui cherchent leurs racines.
Dans une société en perpétuelle mutation, où les traditions peuvent vite se diluer, des fêtes comme la Fet Kaf jouent un rôle crucial. Elles nous rappellent pourquoi nous sommes ici, ensemble. Imaginez un album de famille oublié dans un grenier. Un jour, on le redécouvre, et chaque photo raconte une histoire, fait revivre des émotions. Ces instants redonnent du sens au présent et bâtissent le futur. C’est là que des figures comme Jérôme Araste entrent en scène : pour que ces souvenirs ne s’estompent jamais.
Jérôme Araste : un homme, une mission, une passion
Jérôme Araste est bien plus qu’un simple passionné. On pourrait dire qu’il est une archive vivante, un conteur infatigable de la créolité réunionnaise. Son titre de "Gardiyen la mémwar" n’est pas seulement cérémonial ; il est la reconnaissance d’une vie dédiée à cette mission. Originaire de cette île qui respire l’histoire à chaque coin de rue, Jérôme n’a jamais laissé la modernité écraser l’essence de ce qui fait de lui un homme enraciné. Il a compris qu’on ne peut avancer sans un solide ancrage dans son passé.
Le “tireur de guêpes” qu’il est devenu semble à lui seul une métaphore : comme cet artisan qui s’aventure dans des endroits dangereusement hauts pour extraire des saveurs précieuses, Jérôme s’enfonce dans le passé parfois douloureux de son île pour en ramener la beauté. Ce n’est pas qu’une simple activité ; c’est une démonstration de résilience, à l’image des habitants de La Réunion. Il croit profondément que chaque histoire, chaque chanson, chaque recette créole est une brique posée dans la construction de notre identité commune.
Lorsqu’il transmet ce savoir, que ce soit au détour d’une conversation ou dans le cadre plus formel des célébrations, Jérôme plante une graine dans les esprits. Prenez un enfant qui écoute, les yeux grand ouverts, les récits de son aïeul. Ces contes deviendront pour lui bien plus qu’un simple héritage ; ils constitueront l’étoffe de ses rêves, l’essence de ce qu’il est. Voilà ce que Jérôme offre : une transmission bienveillante, un lien tangible entre le passé et le futur.
Préservons l’essentiel : notre mémoire collective
La nomination de Jérôme Araste comme Gardiyen la mémwar doit nous inspirer une réflexion plus large. Sommes-nous, nous aussi, des gardiens de quelque chose ? Respirons-nous encore les mélodies de notre enfance, les saveurs des plats mijotés par nos grands-parents, les paroles des anciens ? Ou bien laissons-nous ces richesses s’effilocher dans le tumulte du monde moderne ? Transmettre, c’est résister. C’est refuser de céder face à l’uniformisation culturelle qui, sournoisement, gomme les spécificités locales.
Regardons la jeunesse d’aujourd’hui : hyperconnectée, mais souvent déconnectée de ses racines. Ce n’est ni un jugement, ni une fatalité. C’est un défi. Un défi que des personnes comme Jérôme relèvent au quotidien. Mais ce ne devrait pas être seulement leur responsabilité. Chacun de nous peut devenir, à sa manière, un gardien de la mémoire. Il suffit d’un geste simple : partager une anecdote, cuisiner un plat traditionnel, chanter un séga en famille. Ce sont ces moments, aussi fugaces soient-ils, qui tissent les contours d’une culture vivante.
En mettant Jérôme Araste sous les projecteurs, la Région Réunion nous rappelle l’importance de ces pionniers du souvenir. Mais elle nous interpelle aussi : que faisons-nous, nous, pour continuer l’œuvre de ces hommes et femmes ? Si la mémoire est une flamme, elle a besoin d’être alimentée. Nous sommes tous gardiens, à notre échelle, de cette lumière précieuse.
Jérôme Araste est une véritable source d’inspiration. Par son exemple, il nous enseigne que sauvegarder la culture créole n’est pas seulement une tâche, mais une responsabilité collective. À travers lui, c’est toute l’île qui célèbre ses racines, ses ancêtres, et ses traditions. Aujourd’hui, posons-nous cette question : et moi, que puis-je faire pour que nos futures générations continuent à rêver dans les couleurs et les saveurs de La Réunion ? Tout commence par une action, aussi petite soit-elle. Car chaque mémoire partagée ajoute une pierre à cet édifice inestimable qu’est notre identité.

