Une longévité qui force l’admiration
Le jeudi 28 novembre 2024, un événement exceptionnel s’est déroulé dans la commune du Port : Lucie Tincres, doyenne de cet écrin réunionnais, a soufflé ses 104 bougies. Née Lucie Dangol, cette figure emblématique de la région a été entourée d’un petit cercle de proches, rejoints par Franck Jacques Antoine, conseiller municipal et vice-président du CCAS, venu honorer cet âge vénérable.
Atteindre un tel âge est en soi une rareté, presque un exploit dans un monde où peu d’entre nous se projettent au-delà d’un centenaire. En regardant Lucie, ce n’est pas seulement une vie qui s’étend devant nous, mais un exemple vivant de résilience, de changements traversés et parfois même de traditions portées à bout de bras. Avec ses trois enfants, ses trois petits-enfants et six arrière-petits-enfants, Lucie incarne une mémoire collective précieuse pour sa famille, et par extension pour sa communauté. Car, ne l’oublions pas, chaque centenaire est un pont entre plusieurs générations.
Qui ne rêverait pas, en soufflant 104 bougies, d’avoir une descendance florissante autour de soi, témoignant fièrement des racines que l’on a plantées et nourries tout au long de sa vie ?
Lucie, témoin d’un siècle de bouleversements
Naître en 1920, c’est voir le monde sous une lumière bien différente. Lucie Tincres appartient à ces générations qui ont traversé des épreuves majeures et des évolutions spectaculaires, façonnant leur quotidien. À l’instar d’une vieille photographie que l’on tire d’une malle poussiéreuse, elle porte en elle les marques d’un siècle révolu, une époque où chaque coin du Port respirait les traditions simples et les valeurs d’antan.
Imaginez une petite fille, dans les années 1920, jouant dans une cour poussiéreuse, au milieu d'un environnement où les téléphones portables et le numérique n’étaient pas seulement des rêves, mais de la science-fiction pure. Lucie a grandi sans doute bercée par le bruit des plantations et le chahut de la vie insulaire. Avec le temps, elle a vu naître le béton des villes où le bâti moderne a peu à peu remplacé les cases en bois sous tôle.
Ce siècle, si riche d'histoires, a été jalonné d’événements qui auraient pu éroder les âmes : crises sociales, guerres mondiales, et mutations économiques fulgurantes. Pourtant, Lucie est là, forte et calme, comme un baobab enraciné qui témoigne silencieusement des vents d’hier et d’aujourd’hui. Ce n’est donc pas seulement une personne que l’on fête, mais aussi une mémoire vivante, le fil conducteur entre des époques, des visages, et des histoires.
L’hommage d’une communauté
Quand le Port célèbre sa doyenne, ce n’est pas uniquement une affaire de protocole ou de formalité administrative. C’est un véritable hommage de la part d'une ville à l’une de ses âmes les plus précieuses. À travers un geste simple, comme la visite de son domicile par des représentants officiels, la communauté montre qu'au-delà des chiffres, les années de vie accumulées symbolisent quelque chose de plus grand : l’impact qu’une personne a eu sur son environnement.
Mais Lucie Tincres, c’est aussi l’histoire d’une famille multigénérationnelle, dont les racines familiales sont profondément ancrées dans le sol réunionnais. Ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, chacun à leur manière, sont les branches qui s’élèvent et s’épanouissent grâce à elle. À ce titre, que l'on prenne un instant pour imaginer : peut-être a-t-elle tenu la main de chaque nouveau-né de sa descendance, transmis à l’un une recette, à l’autre une anecdote du passé. C’est une chose puissante, presque universelle, que chaque famille devrait chérir.
Enfin, en honorant Lucie, on célèbre aussi les doyens de toutes nos familles. Ces gardiens d’un temps révolu restent des phares pour les générations futures. Ils témoignent du fait que la vie peut être belle, riche et significative, même après des décennies de vents contraires.
À 104 ans, Lucie Tincres est bien plus qu’une doyenne, elle est un pilier. Une mémoire vivante offrant ses leçons aux générations qui suivent. Cette femme nous enseigne que l’âge n’efface ni la force, ni l’âme, ni le lien avec autrui. Alors que le temps continue de filer, sachons apprendre de ses traces, et prenons un instant pour penser aux valeurs que nous transmettrons, nous aussi. Parce qu’un anniversaire tel que celui-ci n’est pas simplement un chiffre. C’est un symbole puissant de la vie et de son passage. Bravo, Lucie !

