Le souffle de Dikeledi : une menace grandissante pour Madagascar et La Réunion
Le nom de Dikeledi, qui résonne déjà dans chaque bulletin météo, suscite l’inquiétude de nos voisins malgaches et, par ricochet, nous pousse à la vigilance à La Réunion. Ce cyclone, qui tourbillonne avec une intensité grandissante au large de l'océan Indien, semble vouloir se rapprocher implacablement des côtes malgaches. Mais ici, sur notre île, personne n’est serein. Car on sait combien ces géants climatiques peuvent, d’un coup de vent, inverser le cours de nos journées paisibles.
Rappelez-vous Gamède ou encore Dumile, ces véritables monstres qui avaient plongé notre île dans le chaos. Les routes inondées, les coupures d’électricité, les coups de vent à nous ôter du sol… Ces souvenirs hantent les esprits dès que l’alerte cyclonique fait sonner son glas. Alors que certains suivent la trajectoire de Dikeledi sur leurs écrans comme on suit un feuilleton à suspense, d’autres inspectent leur maison, renforcent leurs volets, ou, comme le veut l’habitude, se ruent dans les supermarchés pour s’assurer qu’ils ne manqueront ni de pain, ni d’eau.
Et pourtant, une étrange résilience flotte dans l’air. Après tout, à La Réunion, « Le cyclone est la montagne des temps modernes », comme aime à dire Yvan Martial, historien bien connu ici. Une montagne qui oblige chacun à s’organiser, à prévoir et surtout à se souvenir que l’île reste forte face aux caprices du ciel.
L’alliance rare entre art de drag et traditions réunionnaises
Pendant ce temps, loin des turbulences d’un ciel menaçant, une initiative culturelle au nom intriguant, "Zistwar Lontan", invite à la rêverie et à la réflexion. Imaginez : dans une salle obscure, des voix puissantes racontent des fragments de notre mémoire collective, nos kont et zistwar lontan — ces récits qui bercent l'enfance réunionnaise. Mais cette fois, ces contes prennent vie dans une mise en scène modernisée et pleine de panache.
Qu’est-ce qui rend ce spectacle si singulier ? Ce sont des artistes drag queens, tout droit sortis des podiums de l’imaginaire et des scènes LGBTQ+, qui prêtent leur voix et leur magie à ces histoires. Il y a là une juxtaposition audacieuse, entre le faste du drag — avec ses costumes flamboyants, son maquillage sculptural — et la richesse brute des paroles créoles souvent portées par la voix des anciens. La démarche interpelle et provoque : pourquoi ne pas marier deux mondes apparemment incompatibles, pour en créer un troisième, chargé de sens ?
Si vous n'avez jamais assisté à ce genre d'événement, imaginez une marmite où mijotent des ingrédients improbables, mais dont le mélange produit soudainement une explosion de saveurs inédites. Ce spectacle invite non seulement à la découverte, mais également à la redécouverte de ce qu’être Réunionnais signifie aujourd’hui, entre modernité assumée et enracinement culturel.
Cette initiative pose aussi une question plus profonde. La richesse de nos traditions peut-elle survivre dans un monde de rapide transformation ? Peut-être qu’au lieu de disparaître, annexion et réinvention pourraient devenir les clés de leur pérennité. "Zistwar Lontan" semble bien vouloir ouvrir ce chemin.
Quand le ciel peint des graffitis, entre Cuba et La Réunion
Alors qu'à La Réunion le vent siffle et les vagues s’enflent, un autre souffle de créativité parcourt les rues argentées de La Havane, bien loin d’ici. Là-bas, une fresque murale fraîchement dévoilée, portant l’inscription poétique "Tu dois être heureux", attire les regards et les cœurs. Sur un fond coloré, des figures abstraites dansantes semblent dire aux passants : « Tout ne tient qu’à un souffle de perspective. »
Ce graffiti rappelle à quel point l’art urbain est essentiel dans le monde entier, même à La Réunion. Qui n’a jamais croisé dans nos propres ruelles un tag vibrant, une fresque qui semble crier une vérité universelle ? À Saint-Denis, sur les murs du front de mer, ou dans les petites venelles de Saint-Pierre, nos graffitis racontent aussi des histoires. Souvent politiques, parfois poétiques, ces œuvres rendent la ville vivante, comme un immense livre ouvert où chaque coin de rue devient un chapitre.
En lisant sur cet art qui fleurit à La Havane, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre leurs murs et notre ciel, celui dont se méfient autant les tortues baignant autour de Rodrigues que les habitants de la côte sud de notre île. Dans ce ciel mouvementé, les météorologues trouvent chaque jour un message différent, une fresque éphémère d’air et de lumière, parfois douce, parfois brutale. De la poésie des murs cubains à la vadrouille de nos bourrasques, nous avons finalement cette connexion universelle inédite : une question de perspective.
Alors que nous gardons un œil méfiant sur Dikeledi, ne perdons pas de vue les trésors cachés qui enrichissent notre quotidien. Ces contes drag qui font briller nos traditions ou ces graffitis qui transforment des murs ordinaires en poèmes visuels nous rappellent qu’il y a toujours, même dans la tempête, une place pour la beauté et l’innovation. Peut-être est-ce là une leçon malicieuse que nous soufflerait Dikeledi : gardez vos histoires vivantes, car elles vous donneront la force d’affronter n’importe quel vent. Et vous, ces jours-ci, quel souffle — artistique ou naturel — inspire votre quotidien ?

