Zamal à La Réunion : saisie de 274 plants et ses enjeux secrets

Une traque déterminée au cœur des plantations de zamal

La lumière du petit matin brille à peine sur les hauteurs verdoyantes de La Réunion lorsque les gendarmes entament leur expédition. Tout commence par un murmure, une information chuchotée, la rumeur d’une « exploitation clandestine » nichée loin des sentiers battus. Avec patience et méthode, les forces de l’ordre ont remonté la piste pour découvrir une nouvelle facette de la culture illégale de zamal, le cannabis local.

Dans une opération remarquable, ce sont 274 pieds de zamal qui ont été arrachés du sol. Imaginez une petite forêt, des arbustes herbacés étendus sur une parcelle, loin de toute infrastructure moderne. Mais derrière cette image bucolique se cache une réalité bien moins romantique : ces cultures, souvent dissimulées dans des zones difficiles d'accès, alimentent un marché souterrain pesant sur l’île.

Ces saisies ne se résument pas à la destruction de plants. Elles constituent un coup porté à un réseau, une chaîne dont le zamal est souvent l’un des maillons parmi tant d’autres trafics. Et, pourtant, il ne s’agit pas seulement d’une question légale : la gendarmerie s’attache également à endiguer les conséquences sanitaires et sociales de cette économie parallèle qui gangrène nos territoires, nos familles, et nos jeunesses.
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Pourquoi La Réunion demeure un terrain fertile pour le zamal

La douceur du climat réunionnais, combinée aux sols fertiles des hauts plateaux, offre un terreau naturellement favorable à la culture de cette plante. Et ici, le zamal n’est pas une simple plante : il est chargé de significations historiques et même culturelles. Cultivé depuis des générations, souvent à des fins personnelles ou médicinales, sa culture s’est transformée avec le temps, répondant aujourd’hui aux lois de l’économie illégale moderne.

D’un point de vue technique, le zamal réunionnais est très prisé pour ses propriétés spécifiques : son taux élevé de THC en fait une marchandise attractive. Certains le comparent à du vin millésimé, produit avec soin mais destiné à un marché bien peu réglementé. Si cette comparaison peut sembler légère, elle illustre bien l’intérêt qu’il soulève au-delà de nos frontières. En effet, certaines de ces plantations alimentent non seulement la consommation locale, mais aussi des circuits d’exportation, créant une économie parallèle complexe et difficile à contenir.

Les autorités doivent également relever un double défi : freiner l’industrialisation de ces plantations, tout en étant sensibles aux traditions locales. Un équilibre est nécessaire pour ne pas diaboliser un pan entier de l’histoire agricole réunionnaise, tout en adressant les problèmes actuels : l’argent du zamal alimente des réseaux criminels au détriment du tissu social, fragilisant les plus vulnérables.

La lutte contre le zamal : bien plus que des chiffres

Bien sûr, les 274 pieds de zamal saisis représentent tout un symbole : un pas vers le démantèlement des réseaux de production. Mais à chaque opération comme celle-ci, il est impératif de penser plus largement. Car derrière ces statistiques impersonnelles se cachent des vies impactées, des familles touchées, des jeunes en perte de repères. Qui sont ceux qui travaillent ces champs ? Quelles solutions offrent-elles à des populations souvent oubliées des circuits économiques classiques ?

Les gendarmes ne s’arrêtent pas à l’arrachage des plants. Une fois les saisies opérées, ce sont tous les pans de la chaîne qu’il faut remonter. Cela signifie enquêter, comprendre et partager des informations avec d’autres forces régionales et nationales. Le zamal ne reste pas confiné à La Réunion, et sa trace s’étend bien au-delà, rendant la coopération internationale essentielle.

Mais la lutte contre ces réseaux passe aussi par la prévention et la sensibilisation. Les initiatives se multiplient pour éduquer les jeunes sur les effets destructeurs des stupéfiants. En discutant avec les populations locales, en s’appuyant sur des figures reconnues de la communauté, les autorités espèrent enrayer une partie de la demande avant même qu’elle ne surgisse. Car, comme le dit un proverbe africain : « Si une rivière déborde, il ne suffit pas de construire un mur ; il faut trouver pourquoi elle déferle ».

L’histoire du zamal à La Réunion est un miroir tendu entre tradition et modernité. Ce dernier épisode en est la preuve : si les forces de l’ordre redoublent d’efforts pour déraciner les pieds de zamal, leur mission s’attaque surtout à une question plus vaste, celle des maux sociétaux qu’une économie illégale peut aggraver. Cette lutte exige une approche inclusive, mêlant fermeté, sensibilisation et alternatives concrètes. Sur cette terre baignée de lumière et d’histoire, l’espoir réside dans une mobilisation collective pour offrir un avenir libéré de ces chaînes invisibles.

Jordan Payet
Jordan Payet
Fan de la pop culture, Jordan est un natif de l'île. Sudiste, il aime le canyoning et l'escalade

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